Kri, krii, kriii
Je ne l'aime pas, mais tant pis, c’est lui qu’elle a choisi.
"Kri, krii, kriii", mais il va finir par m’arracher une corde, je le hais.
-"Tu comprends, avec son âme slave et son toucher magique il me fait
pleurer, tu vas voir il va te faire vibrer " avait–elle murmuré en me
sortant de l’étui.
Je ne vibre pas, je grince, le vernis craque, le bois se fendille.
Les suites de Bach massacré par ce rustre.
"Kri, krii, kriii", crie l’oiseau qui remonte les ressorts du monde tous les matins d’en haut de son arbre.
Et
cet imbécile qui ne s’aperçoit de rien, notre monde s’effondre autour
de lui. Les gargouilles ont quitté le haut des cathédrales. Elles survolent
la plaine cherchant à s’accoupler aux mandragores qui débarrassées de
leurs racines rampent sans but…
Stop
Voilà venir la nuit, tout est noir, je vais
pouvoir dormir à nouveau jusqu’au prochain concerto. Le velours qu’elle
a fait poser à l’intérieur de l’étui est très confortable. Demain,
c’est elle qui va me réveiller, caresser mon corps , me chevaucher,
ensemble nous partirons à la conquête d’un nouveau monde.
Ecrit le 29 septembre 2006 pour répondre à la consigne N° 30 de Paroles plurielles